Bad spirit
Sinistre exemple d'esprit français revanchard: cet été a été rejouée une compétition entre vins issus des vignobles situés sur le territoire français et vins venus d'ailleurs, tel que le raconte l'article qu'on trouve ici.
Pourquoi pas, mais confier la dégustation uniquement à des Français, est-ce vraiment intelligent? Pourquoi le jury n'était-il pas international? Et ce pauvre vin chinois qu'on assassine à la fin, qu'en pensent les consommateurs chinois? Quant à ces gens qui se disent "écoeurés" par les vins venus d'ailleurs, ne savent-ils pas qu'il existe des personnes dans le monde qui aiment ce goût, et qui n'accrochent pas à l'austérité des vins français? Toujours et encore beaucoup de mépris pour tous ceux qui découvrent le vin en tout cas...A croire que tous ces gens ont une rancoeur contre le reste du monde, mais on se demande bien laquelle: frustration d'argent, de pouvoir ou de gloire? Dépendance à l'alcool inavouée? Peines de coeur mal consolées?
Fatigue
L'organisme sature de multiples préoccupations...
La bonne nouvelle du passage du très beau magazine Terre de vins à une édition nationale à partir de septembre 2009 se transforme en (provisoire) bérézina : la très exigeante et ô combien originale ligne rédactionnelle, qui pour une fois n'était pas dans la dictature du "le problème des vins du Sud, c'est que c'est des vins du Sud et pas des vins du Nord", est remplacée par la normalisation Bettanetdessauvienne, deux parmi les chantres de l'écrasante doxa sus-citée. Au rang des tenants de l'orthodoxie, Olivier Poussier, et même malheureusement le pourtant folklorique et parfois sensé Périco Legasse, dont le récent supplément vins de Marianne fait un bel effort, avant de retomber encore et toujours dans cette ruineuse idéologie. Et toujours les mêmes approximations, la Savoie-forcément-avec-le-Jura, le Languedoc-ancienne-terre-à-vins-qui-pissent, gna gna gna...Lucidité intéressante sur Bordeaux cependant. Espérons cependant que de la sacrifiée Terre de vins surgiront de nouvelles fleurs plus vivaces, et enfin reconnues. Mais quand on connaît le sort réservé il y a quelques mois à un Régal, pourtant titulaire de 80 000 abonnés et 30 000 ventes en kiosque, très honorable résultat pour un magazine de gastronomie et de vins...pas suffisant cependant pour des actionnaires qui l'ont sacrifié sur l'autel de la publicité. "Coco, tes Champagnes y sont sympas, mais faut qu'tu les remplaces par ceux de nos annonceurs." Voilà comment on fait disparaître une oeuvre. Rien de positif pour équilibrer...Le journalisme est vraiment pourri, totalement pourri. Réflexions recueillies récemment auprès de confrères pourtant plus jeunes que moi, dans divers médias : "il y aura de moins en moins besoin de journalistes"; "la notion de journalisme va changer, on va assister à une fusion avec la notion de communication"; ou encore "nos patrons ne cherchent plus que l'argent...pour le même salaire qu'avant, il faut faire le site internet en plus du travail pour le journal"; "on ne peut plus se déplacer, il n'y a pas de moyens, pour un voyage de presse on nous demande de prendre des jours de RTT".
RIP.
Immonde
Quel décor immonde, ce salon du Bristol: une vieille fresque pseudo-romantique, passée, fade et sinistre...
Gloub
J'ai trouvé récemment un livre aussi nul que l'effroyable Dictionnaire amoureux du vin de Bernard Pivot, édité chez Plon, qui était déjà un ramassis de platitudes éculées sur le vin, récoltées de ci de là et laborieusement mises en forme...Dans un autre genre, l'Histoire mondiale de la table (rien que ça!) d'Anthony Rowley, aux éditions Odile Jacob, donne l'occasion à notre grand professeur de sciences politiques d'émettre des théories fumeuses, absolument incompréhensibles sous des formulations pseudo-poético-floues. Il en résulte un livre illisible, que j'ai abandonné après quinze tentatives pour suivre son filandreux cheminement. Au milieu, des exemples évoqués mais très rarement explicités, qui donnent l'impression que l'auteur ne s'adresse qu'aux lecteurs qui ont eu les mêmes lectures que lui, et donc par définition qu'à...lui-même.
Et puis comme il ne faut pas rester sur deux mauvaises expériences, en voici une troisième: il y a quelques jours, j'ai goûté les "meilleurs" vins de 2007 de l'appellation Entre-deux-mers...une bonne partie d'entre eux étaient tellement soufrés que j'ai passé l'après-midi allongé sur un canapé, et la soirée avec un mal de tête tel que tout mon entourage en a souffert...va-t-il bientôt falloir zapper les dégustations officielles pour éviter ce genre de choses?
Bon, tout de même ce soir, plan sympa, petite bouffe en famille à la créperie le Blé Noir, 14, rue Henri Monnier dans le 9ème - 01 48 74 02 90. 54 euros pour une bouteille de cidre, deux jus de pomme, quatre crèpes salées et trois crèpes sucrées. Honnête, pour l'époque. La pâte est très bonne, les produits intéressants, le cidre pas mal, le chocolat de bonne qualité. Bref, une adresse de confiance.